Seconde et
dernière étape de notre découverte de la Haute Marne. Bien sûr, nous
reviendrons car ce département en vaut bien le détour. Même en train Corail qui
soulignons-le, va dix fois moins vite qu’un Airbus A380, ce qui permet au
voyageur avide de bien détailler un paysage bouleversant de monotonie.
Le mot dont
il est question est celui de Tradition. Définition du Larousse :
Tradition, nom féminin, du latin traditio, action de transmettre.
Principaux synonymes : coutume, pratique, rite, usage. Refermons notre Larousse
car à première vue, force est de constater que notre époque digère mal ce mot
au point d’en faire des remontées acides. Elle ne le comprend plus. Paradoxe
pour une époque qui prône la transmission de l’information à tout va,
possiblement en quantité mais bien plus passablement en qualité.
Ici en Haute
Marne, entre Coiffy, Fayl-Billot et Isômes, la tradition est le dénominateur
commun de trois démarches sans lien les unes avec les autres. Et pourtant,
c’est une tendance qui se généralise bien au-delà de cette région. Focus sur
trois coups de cœur sur lesquels il convient de s’arrêter.
Fayl-Billot et le pays Vannerie-Amance en
Haute-Marne. Depuis plus de trois siècles, on y coupe, noue, lie, tresse et
tisse l’osier. Un osier blanc, brut ou vert produit et récolté sur place. C’est
ici que se trouve la Maison de la Vannerie qui expose de véritables
chefs d’œuvre ; tout ce que l’on peut faire avec un brin d’osier mais surtout
avec un solide et savant savoir faire qui ne s’improvise pas.
Le travail
est beaucoup plus physique qu’il n’y paraît car la matière ne se laisse pas
faire. Il faut des doigts d’acier et une grande patience pour conduire le brin
centimètre par centimètre à dessiner des volumes à l’esthétique et à la
solidité incomparables. Aujourd’hui, une quarantaine de professionnels sur la
région de Fayl-Billot vit de la vannerie, à noter un seul rotinier. Les
premiers vanniers apparaissent sur les registres communaux dès 1688. Dès le
XVIII° siècle, l’osier couvre à Bussières-les-Belmont, des terres qui se
révèlent adaptées à sa culture. L’activité prend un essor spectaculaire au XIX°
siècle. En 1905, 1800 vanniers vivent de cette spécialité. Les oseraies
envahissent la vallée du Saulon, du Fayl, de la Resaigne et de l’Amance.
L’osier produit des brins avec des qualités de souplesse et d’élasticité,
variables selon son usage. Une oseraie atteint son meilleur rendement à 5 ans
et produit en moyenne pendant 20 ans.
L’arrivée de
la matière plastique dans les années soixante et la concurrence étrangère ont
obligé les vanniers à s’orienter vers la fabrication d’articles design et
contemporains, la réalisation de plantations d’osier vivant et de décors
d’osier autoclavé. En France, quelques deux cents vanniers sont recensés avec
deux pôles, l’un en Touraine à Villaines-les-Rochers, l’autre en Haute-Marne.
Ici se trouve le centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole –
Ecole Nationale d’Osiériculture de Vannerie. Il faut des années pour maitriser
le métier. Dernier point pour conclure : ne mégotez pas lorsque vous choisissez
un article en osier. Optez de préférence pour une fabrication française de
qualité et il faut y mettre le prix, il n’y a pas de miracle mais c’est très écolo,
100% naturel et recyclable, inimitable et en plus ça dure des siècles.
Vins des Coteaux de Coiffy, vins de fleurs et Hypocras et douceurs des Cassis d’Alice à Isômes…
La
Haute-Marne est un pays discret de bonheurs secrets. Souvenez-vous de cette truffe de Bourgogne et de Champagne , la Tuber Uncinatum, ce
diamant gris qui fait le bonheur du chef Jean Genevois et de ses deux chiens truffiers, dans
les bois du côté de Chaumont. Nous avions suivi Jean en cuisine.
Dans ce même
reportage, l’or rouge de Guy Camus, le safran, était lui-aussi à
l’honneur. Si un orpailleur fait rarement fortune en rinçant des tonnes de
cailloux, il en faut de la patience pour récolter les fragiles pistils du
crocus sativus. Dans ce pays de valons doux à la terre profonde et grasse, le
bonheur naît de découvertes paisibles. On parle ici du pigeon du Barrrois à Richebourg, des écrevisses à pattes rouges il y a peu
menacées, dont la chair est si délicate. Et pour terminer le repas, le fromage de Langres
à l’odeur forte, au goût subtil, reste le roi du plateau, non de
Langres mais de votre table.
Le Plateau de Langres © Ph Lemoine |
Un autre plateau de Langres sur votre table © Ph Lemoine |
Notre visite
se poursuit, verre en main à la santé de ceux dont le bonheur est de faire
celui des autres.
Florence
Pelletier nous accueille sur le côteaux de Coiffy dans le sud du
département sur les trois communes de Coiffy-le-Haut, Coiffy-le-Bas et
Laneuvelle. Production de vins de pays : blanc, rosé, rouge et méthode
traditionnelle.
La cave est sombre, fraiche, la dégustation heureuse. Tellement heureuse que je n’ai pas réussi à photographier notre hôte.
Florence Pelletier a plus d’une corde à son arc, plus d’un nectar pour nos papilles. Elle a remis au goût du jour les vins de fleurs qui étaient tombés dans l’oubli mais aussi ces vins chargés de miel et d’épices, les hyprocras qui nous replongent au Moyen-Age. L’expérience vaut le détour, la tradition a vraiment du bon.
La cave est sombre, fraiche, la dégustation heureuse. Tellement heureuse que je n’ai pas réussi à photographier notre hôte.
Hypocras et vins de fleurs © Gérard Conreur |
Florence Pelletier a plus d’une corde à son arc, plus d’un nectar pour nos papilles. Elle a remis au goût du jour les vins de fleurs qui étaient tombés dans l’oubli mais aussi ces vins chargés de miel et d’épices, les hyprocras qui nous replongent au Moyen-Age. L’expérience vaut le détour, la tradition a vraiment du bon.
Les Cassis d'Alice de Cécile Aspert
Cécile Aspert, bassines de cuivre et artisanat du terroir © Gérard Conreur |
Les Cassis d’Alice c’est encore et toujours l’histoire d’un retour heureux vers le passé. L’histoire d’une liqueur de cassis créée dans les années 30 par Alice, la dame brune des étiquettes… Un lien de parenté.
Cécile Aspert a eu la très bonne idée de reprendre ces recettes presqu’oubliées et de les faire renaître. Il y a derrière tout cela, une ligne complète qui tourne autour du fruit rouge : liqueur et crème de cassis, sirops, nectars ou encore biscuits ou confitures. Les Cassis d’Alice, un bon goût retrouvé, délicieusement artisanal. (Un site internet est en préparation).
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