Il était en ce weekend froid et gris de novembre à
Paris, boulevard Saint-Jacques et sans coquille, un dernier salon où l’on cause
mais pas seulement. Un dernier salon plein de couleurs, de saveurs, le salon
des Coqs d’Or 2012. Un salon où l’on cause parfois la bouche pleine, ce qui ne
se fait pas, sauf si c’est pour la bonne cause, la cause du bien manger, du
bien vivre… Bref, la cause de ces petites enluminures du quotidien de
l’existence, ces petits riens qui font tout, ces détails qui font que,
finalement, notre espèce est assez différente de celle de ces chrysanthèmes de
cimetière qui n’attendent qu’une gelée hivernale de Toussaint pour rejoindre un
monde meilleur en espérant se réincarner, peut être, en orchidée tropicale ou
en gousse de vanille des iles ?
Elisabeth de Meurville |
Sur la pointe des
pieds sur le tabouret de la cuisine et le doigt tendu vers le bocal de confiture
dans le haut du placard, ca ne vous dit rien ? Des denrées odorantes, suaves et
douces qui vous appellent telles les sirènes d’Ulysse. Nous sommes comme
envoutés par ce spectacle de l’inédit,
cette corne d’abondance en trois dimensions.
Imaginez d’un coup, un marché de Provence qui prendrait des airs de
Bretagne avec ses pains d’épices délicats et ses Kouign-Amann de Douarnenez, la
hauteur verdoyante des Pyrénées, la douceur angevine, ces coins fastueux des
Charentes où le Pineau d’exception toise les vieux Cognac, l’accent des
Flandres, où l’on ne mange pas que des
frites, mêlé à celui du Pays-Basque, andouillette de Cambrai en duel contre un
jambon ibaïona, chorizo et andouille.
Et puis, comme si la France était bien
trop petite, l’huile d’olive des Pouilles se boit à la cuiller, jambon ibérique
et légumes de Navarre avant que le sombre et
rare nectar d’un café d’Ethiopie nous emmène sous les cieux du royaume
de Saba.
Voila donc ce qu’il fallait retenir de ce Salon des
Coqs d’Or et déjà (et oui d’ores et déjà)
, je m’en veux d’avoir laissé dans l’ombre les miels de bruyère et de tilleul,
confitures de fruits rouges ou d’agrume, foies gras d’Alsace, sardines en
conserve, pains, échalotes, oignons, aulx et chocolats à se damner. Et ce gâteau aux noix du Périgord qui me
laisse sans mots. Et puis, et j’en termine ici : il faut se souvenir que
dans artisan, il y a « art » et que ces artistes qui font salon ici
même feront naître des petites puis moyennes entreprises dont il ne faut pas
stupidement altérer la compétitivité. Enfin, dans le capharnaüm insolite de ce
salon gourmand, il faut aller et venir sans cesse mais nul danger ici de
glisser sur une tache d’huile de palme même si on dit que parfois cela porte la
même chance que de marcher dans la….
Gérard Conreur