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Magnifique Place des Héros ou Grand Place à Arras. |
Direction la région du Nord-Pas de Calais à la découverte de
deux pépites du plat pays : l’endive et le champignon de couche, le fameux
Champignon de Paris. Tout comme
l’endive, il se taille la vedette car si on l’utilise massivement dans nos
cuisines où il a su se rendre indispensable, on ne le trouve pas à l’état
naturel ou bien peu. Comme l’endive, le champignon de Paris a besoin d’un
sérieux coup de pouce des hommes pour avoir une chance de finir au milieu de
notre assiette. Travaillez, prenez de la peine,
c’est le fonds qui manque le moins
et si selon La Fontaine, le
travail est un trésor, en particulier celui de la terre, il faut en
plus de la science et de la patience avant de voir germer une endive dont la blancheur vient de l’obscurité
tandis que jaillissent d’un sombre compost des centaines de champignons
immaculés. Cap au Nord, en avant toutes… !
Seconde volet. Après Comines et la Ferme de la Gontière, découverte de l'endive avec Daniel Bouquillon, endivier à Vélu dans le Pas de Calais.
L’endive, une plante de la famille très nombreuse des
astéracées. Ses copains et copines de jeux sont en vrac la laitue, l’artichaut,
le salsifis ou encore le topinambour et pour compliquer le tout, ajoutons à cette joyeuse troupe, le chrysanthème, le pissenlit ou le
…tournesol. L’endive est pratiquement le fruit du hasard. Elle serait née au
milieu du XIX° siècle. Peut-être en 1846, dans la forme que nous lui
connaissons ? Dans cette seconde moitié du siècle, l’Europe est le premier
continent d’influence du monde, boosté par la Révolution industrielle. Tout
change à toute vitesse, le chemin de fer se développe et réduit les distances, triomphe
du fer, de la fonte. Des techniques nouvelles voient le jour et avec un colonialisme
auquel on ne prête que des vertus, l’horizon du vieux continent semble sans
cesse repoussé. C’est aussi la grande
vague migratoire vers l’Ouest pour ceux qui veulent se donner une autre chance
ou qui n’ont pas d’autres choix. Comment ne pas évoquer en effet la dernière
grande famine apparue en Irlande dans le milieu des années 1840 avec ce mildiou
qui attaquant la pomme de terre, va causer au moins un million de morts ?
Un autre million d’Irlandais optera lui, pour le nouveau monde. Après l’Irlande et l’Ecosse, le continent est
touché à son tour, Belgique, Flandre française, Pays-Bas, etc.
Face à cette catastrophe
alimentaire sans précédent où des familles entières meurent de faim au sens
propre du terme, l’invention de l’endive apparaît anecdotique. Au départ, un
agriculteur de la région de Bruxelles, observe
que quelques racines de chicorée stockées et plus ou moins recouvertes de terre
ont donné naissance à un bourgeonnement
de feuilles blanches et denses parfaitement comestibles. Un membre éminent, comme on disait alors, de la société d’Horticulture de Belgique, M.
Bréziers, étudie ce phénomène et définit
en 1846 les bases du forçage de l’endive -
Pardon du chicon dit de Bruxelles
-. Le terme d’endive naîtra plus
tard d’un négociant parisien qui n’avait pas retenu le nom du Chicon de
Bruxelles. Dans le Nord-Pas de Calais mais aussi outre Quiévrain, on emploie
toujours ce terme de « chicon » tandis que les Flamands parlent de Witloof (Feuille blanche).
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Une atmosphère irréelle, une obscurité totale que trouble une fraction de seconde mon flash... |
Aujourd’hui, la France, avec majoritairement les régions du
Nord-Pas de Calais et de la Picardie mais aussi de la Bretagne, est le premier
producteur européen d’endives : 175 000 tonnes environ et les
Français en consomment en moyenne 6 kilos par ménage et par an. L’endive se
place au 4
ème rang des légumes les plus consommés dans notre
pays
après la tomate, la carotte et le
melon (chiffres de 2011 et en Kg). Eh oui, tout de même…
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Le cassage de l'endive |
C’est bien gentil tout ça mais au fait comment fait-on de
l’endive ? Au commencement était la graine que l’on sème en mai. Cette
graine ne donnera qu’une endive mais, pour le moment, elle ne produit
qu’une sorte de carotte que l’on récoltera 5
ou 6 mois plus tard voire plus et donc, grosso modo,
entre septembre et novembre.
C’est cette carotte pour le moins rustique
qui nous intéresse.
Pour permettre à
l’endive de remplir son rôle de « salade d’hiver », la carotte sera
stockée au froid ou mise en forçage selon les
besoins du consommateur.
Pour que
la racine – notre carotte – produise son endive, elle trouvera place avec ses
copines, serrées l’une contre l’autre, dans les grands bacs, et dans un lieu
bien sombre, à l’abri de la lumière, c’est la
salle de développement.
Pas
facile d’y faire une photo de nos petites endives même au flash, j’en témoigne,
car buée et humidité vous compliquent un peu la vie. Ici, température contrôlée
et humidité élevée et pour nos endives, un séjour de 21 jours. Vous comptez
juste, cela fait trois semaines. Bravo !
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Des endives superbes prêtes à vous régaler... |
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la Barbucine, une endive New Look qui nous fait craquer... |
Etapes ultimes dont une partie au grand jour cette fois,
cassage,
sélection et bien sûr
conditionnement.
Premier acte, il faut
casser
l’endive, autrement dit séparer l’endive de la racine, de sa carotte. Cela
se
déroule avec une machine rotative qui
tranche mais dont le chargement se fait à la main. L’opérateur me confiait
qu’il faisait une bonne trentaine de chassis par jour. Respect, ce n’est pas un
job facile. Il fait froid, l’endroit est humide et on entend à peine les
programmes de France Bleu Nord que diffuse vaille que vaille un petit transistor.
L’endive, alors libérée de sa carotte
nutritive, est acheminée par tapis roulant vers la salle de conditionnement.
Elle sera filmée en sachets individuels ou en cartons de vrac et expédiée dans
la foulée en France ou en Europe. Bref, l’endive, c’est tout de même un très
gros boulot et lorsqu’on observe les « promos » des grandes surfaces
où l’endive – origine France -
est parfois
proposée
à 0,99 euros le kilo, on se
demande bien par quel miracle de tels prix pour le moins indécents sont
possibles ? La réponse s’observe à l’Est où les salaires et charges sont
bien moins élevés qu’en France. Oui, l’endive peut se caractériser alors par
une certaine amertume…
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Daniel Bouquillon, endivier à Vélu (62) |
Fiche pratique de
l’endive : crue : Valeur nutritive pour 100 g : 95% d’eau,
protéines : 1 g, matières grasses : 0,1 g, glucides : 3,2 g, 15
calories. Excellente source d’acide folique, bonne source de potassium.
Contient de la vitamine C, de l’acide
pantothénique, riboflavine et zinc. Propriétés : apéritive, dépurative,
diurétique, digestive, cholagogue
(elle facilite
l'évacuation de la bile vers l'intestin), reminéralisante et tonique. L’endive
est blanche, avec des feuilles serrées nacrées, pointes jaunes, sa saveur est
rafraichissante, son croquant inimitable. Il existe une endive rouge résultant
de l’hybridation avec le radicchio rouge italien. Ne pas cuire ce type
d’endive, perte de gout et décoloration. J’ai noté cinq façons principales de
cuire l’endive blanche : à la vapeur (10 mn), à la poêle (25 mn), à l’eau
(20 mn) ou à l’étouffée (25 mn) et enfin la cuisson au micro-ondes
particulièrement pratique et rapide (5 à 10 mn). On ne lave pas les endives, on
découpe la base oxydée sur quelques millimètres, éventuellement les feuilles tachées.
Quelques gouttes de citron en début de cuisson peuvent préserver la blancheur
de l’endive. Après cuisson à l’eau, vapeur ou micro-ondes, on égouttera
soigneusement les endives d’abord dans une passoire longuement et ensuite en
les déposant sur un papier absorbant ou mieux un torchon de cuisine (propre,
naturellement…) surtout si on veut préparer les emblématiques
Chicons au gratin. Pardon, je voulais
parler des
Endives à la Flamande…
Tout simplement pour préserver l’homogénéité
et la texture de votre béchamel que l’eau résiduelle des endives pourrait délayer.
Sachez enfin que l’endive existe sous plusieurs présentations : Spéciales
four ou
à braiser, salade ou encore
spéciales apéritif. Dernière née de la gamme après l’endive rouge, la « Carmine »,
voici la
Barbucine, une chicorée
Barbe de Capucin aux feuilles longues, frisées, dentelées et jaunes
dont la découpe rappelle un peu le pissenlit. Son
goût est délicat, accompagnée de quelques cerneaux de noix, de petits cubes de
Roquefort et d’une fine
vinaigrette,
« c’est
fin, c’est très fin, ça se mange sans
faim » comme le dit si bien Anémone dans Le Père Noël est une
ordure. Un autre mot d’auteur pour terminer, celui de
Daniel Bouquillon, endivier à Vélu dans le Pas de Calais et qui
nous a si aimablement ouvert ses portes :
« Dans le chicon, tout est
bon… ! »
Gérard Conreur
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