L'hiver est la saison bénie des agrumes. Après la Toussaint,
les premiers frimas voient apparaitre, par bonheur ou par magie, sur les étals
de nos marchés, ces boules de Noël végétales dont les écorces, du jaune pale à
l'orange chaleureux en passant par le carmin des sanguines, brisent la
grisaille de jours trop courts à la végétation moribonde. Ces agrumes au zeste
parfumé sont de véritables trésors de santé et de fraicheur qui n'ont rien à
envier aux mets raffinés qui seront bientôt les vedettes de nos tables de fêtes.
Mieux, le canard adore l'orange et la noix de Saint-Jacques s'accommode à ravir
d'un filet de jus de mandarine et d'une très fine julienne de son zeste. Parmi ces agrumes qui vont du Kumquat,
"orange d'or" en cantonais à la main de Bouddha à l'extraordinaire
saveur aromatique recherchée en pâtisserie, la clémentine de Corse que nous
sommes allés cueillir pour vous au sud de Bastia, en Haute-Corse, dite aussi
Corse orientale.
Hâtez-vous, braves gens, la clémentine de Corse n'attendra
pas votre bon vouloir bien longtemps, c'est durant deux mois, et durant deux
mois seulement, novembre et décembre, que vous pourrez profiter de ce fruit
généreux à la saveur si délicate qui se déguste à toute heure de la journée. Le
matin il tonifie les petits déjeuners. A midi, il ouvre l'appétit.
L'après-midi, il brisera net le
grignotage insidieux. Toujours, il délivrera ses vitamines A et C,
potassium et acide folique.
Deux petits fruits suffisent à couvrir la moitié des besoins quotidiens en vitamine C. Et chaque clémentine ne "pèse" qu'un peu moins de 25 kcalories. N'hésitez pas à en glisser quelques unes dans le cartable de vos enfants pour l'heure de la récré. La clémentine s'épluche facilement et en prime parfume les doigts. Dans les souvenirs scolaires de mon enfance, il y a toujours ce gamin qui déposait quelques écorces d'agrumes sur la plaque brulante du vieux calorifère qui trônait au beau milieu de la classe sans se douter un instant qu'un demi siècle plus tard, il ferait sa page d'écriture sur les senteurs subtiles après l'orage qui baignent les vergers de Corse. Même parfum éphémère de l'écorce qui se tord et supplantait pour un instant celui de l'encaustique de nos pupitres d'école.
Deux petits fruits suffisent à couvrir la moitié des besoins quotidiens en vitamine C. Et chaque clémentine ne "pèse" qu'un peu moins de 25 kcalories. N'hésitez pas à en glisser quelques unes dans le cartable de vos enfants pour l'heure de la récré. La clémentine s'épluche facilement et en prime parfume les doigts. Dans les souvenirs scolaires de mon enfance, il y a toujours ce gamin qui déposait quelques écorces d'agrumes sur la plaque brulante du vieux calorifère qui trônait au beau milieu de la classe sans se douter un instant qu'un demi siècle plus tard, il ferait sa page d'écriture sur les senteurs subtiles après l'orage qui baignent les vergers de Corse. Même parfum éphémère de l'écorce qui se tord et supplantait pour un instant celui de l'encaustique de nos pupitres d'école.
Précision : la clémentine de Corse est la seule clémentine
produite en France. Elle est facilement reconnaissable à ses feuilles très
fines et longues qui l'accompagnent mais aussi et surtout par son célèbre
"cul vert" qui atteste d'une
maturation naturelle sur l'arbre et non en chambre froide. Ce "cul
vert" peut représenter jusqu'au cinquième de la surface de l'épiderme du
fruit. Enfin elle est dépourvue de pépins. Attention cependant : toutes les
clémentines que l'on trouve sur nos marchés ne viennent pas de Corse même si elles
sont accompagnées de quelques feuilles vertes. Et donc et comme toujours il
vaut mieux lire les étiquettes. Ce qui plaide en faveur de la clémentine de
Corse par rapport à ses concurrentes, c'est sans doute aussi une culture plus respectueuse de l'environnement.
Faut-il rappeler que la Corse est une île et que la culture des agrumes se
trouve donc relativement épargnée par les maladies comparativement aux autres
régions agrumicoles.
Au coeur du verger de Santa-Lucia-di-Moriani, Haute Corse |
Côté chiffres : la Corse produit 17 à 20 000 tonnes de
clémentines chaque année, soit 8% de la consommation française. C'est la
deuxième activité agricole de l'ile après l'activité viticole. 90% de la
production est sous IGP (Indication
Géographique Protégée) depuis 2007 et très récemment, c'était en octobre 2014,
un cinquième de la production arbore désormais le renommé Label Rouge français qui signe des produits aux qualités gustatives
exceptionnelles. L'an dernier, la consommation de clémentines (toutes origines
confondues) s'est élevée à 8 kilos par ménage français. Alors après tant de
bonnes raisons, faut-il hésiter un instant à en consommer davantage ?
Mais au fait, d'où vient la clémentine ? Réponse : de
l'autre côté de la Méditerranée et c'est un hybride naturel. Elle serait
apparue il y a un siècle environ dans la plantation d'un orphelinat de
Misserghin près d'Oran en Algérie. C'est le frère Clément qui dirigeait les
cultures de l'orphelinat qui découvrit un arbre différent des autres dans la
plantation des mandariniers de semis (non greffés). Arbre qui donna des fruits plus précoces,
plus sucrés et plus acidulés avec une écorce très fine dont les enfants de
l'orphelinat raffolèrent. En 1902, une première étude est publiée par la
société horticole d'Alger mais il faudra attendre un siècle plus tard, en 2002,
pour que le patrimoine génétique de la clémentine soit établi par les
chercheurs du centre INRA de Corse : il s'agit d'un croisement naturel entre la
mandarine commune et une orange douce. Le premier clémentinier est introduit en
Corse en 1925 et quatre ans plus tard, en 1929, on se souviendra du frère
Clément en donnant le nom de Clémentine
à ce fruit juteux et sans pépin que nous apprécions tant aujourd'hui.
En 1964 après l'indépendance de l'Algérie, la clémentine
sera développée plus massivement en Corse comme nous le rappelle au beau milieu
de son verger des environs de Santa-Lucia-di-Moriani, en Haute Corse, Jean-Paul
Mancel, président de l'Aprodec, l'Association de promotion et de défense de la
clémentine de Corse.
A peine récoltée, à la main et en ménageant deux petites
feuilles, la clémentine sera dirigée vers la station de conditionnement où
chaque lot sera identifié précisément. La traçabilité est essentielle. La station de conditionnement qui nous reçoit est celle de Jean-André Cardosi, également producteur. Elle est
située route de Linguizetta, à Linguizetta. Les fruits seront d'abord triés à
l'oeil et à la main puis calibrés et enfin conditionnés avant de prendre le
chemin de la distribution. Seuls les
fruits de bel aspect et sans défaut feront ce dernier voyage en direction de
vos papilles...
Gérard Conreur
Bientôt sur votre table |
Gérard Conreur
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